Gerbe de temps, cheveux de lune
Qu’une main de nuit importune
Aux linières de la rosée
Un rossignol chantait pour l’une
Ou l’autre de ses bien-aimées.
Le bruit blanc du vent dans les feuilles
L’horizon s’ouvrait comme un oeil
Et déjà de jeunes lumières
Aux souplesses de chèvrefeuille
Lavaient l’aube dans la rivière
Et les eaux pâles de la Lys
Charriant d’éteintes étoiles
De la nuque au tréfond des moelles
Mélangeaient l’aurore aux pétales
Des femmes de cygne et de lys.
Aube à la margelle des saules
Où se turent les rossignols
Redevenus d’autres oiseaux
je me désaltérais aux geôles
Charnelles de ton sable chaud.
Et quand les fenêtres bleuirent
Aux vannes d’azur du soleil
J’essayais en vain de traduire
La chair de femme qui soupire
De rossignol et de sommeil.