Un homme d’un certain âge
Plutôt jeune et plutôt vieux
Portant des yeux préoccupés
Et des lunettes sans couleur
Est assis au pied d’un mur
Au pied d’un mur en face d’un mur
Il dit je vais compter de un à cent
À cent ça sera fini
Une bonne fois une fois pour toutes
Je commence un deux et le reste
Mais à soixante-treize il ne sait plus bien
C’est comme quand on croyait compter les
coups de minuit
et qu’on arrive à onze
Il fait noir comment savoir
On essaye de reconstruire avec les espaces le rythme
Mais quand est-ce que ça a commencé
Et l’on attend la prochaine heure
Il dit allons il faut en finir
Recommençons une bonne fois
Une fois pour toutes
De un à cent
Un…
Regards et Jeux dans L'espace, 1937