This website is using cookies

We use cookies to ensure that we give you the best experience on our website. If you continue without changing your settings, we'll assume that you are happy to receive all cookies on this website. 

Marno János: L'air du fossoyeur (A sírásó dala in French)

Portre of Marno  János

A sírásó dala (Hungarian)

Rózsa kell? Itt termek én,
más darabból kölcsön.
Hová lett a nemes vér? –
Cserdül, ne üvöltsön!

Rangom s rendem, elõl-hátul,
elõírva így vagyon:
„Ádám pedig ásott.”

Hát hull
a könnyed, nem hiába,
én sírásó vagyok.

Hulladékra hull a fény,
ásóm önmûködik,
rúgkapálhat lelemény,
mûve tartott eddig.

Rangom s rendem, elõl-hátul,
elõírva így vagyon:
„Ádám pedig ásott.”

Hát hull
a könnyed, nem hiába,
én sírásó vagyok.

Ûri holmik mind mit ér?
Sugár-emlék-érmet.
Kis éteri gépegér
rághat almás férget.

Rangom s rendem, elõl-hátul,
elõírva így vagyon:
„Ádám pedig ásott.”

Hát hull
a könnyed, nem hiába,
én sírásó vagyok.

Hantot rá, mi folyt helyén,
vér, bokor és fáma,
idõvel a puszta tény
érik csak egy fán ma

Rangom s rendem, elõl-hátul,
elõírva így vagyon:
„Ádám pedig ásott.”

Hát hull
a könnyed, mindhiába,
én sírásó vagyok.

 



Uploaded byJakus Laura 1.
Source of the quotationsaját mű

L'air du fossoyeur (French)

Faut des roses*? À un livre
(drame)* emprunté, j'en cultive.
Où c'est que le sang bleu court? –
Au lieu de cris, des clics sourds!

Mes ordre et rang, vice-versa*,
se ramènent à ça:
« Adam, lui, il creusa. »

Ne verse
alors pas en vain tes pleurs,
me voici fossoyeur.

Le jour* meurt sur des restes;
ma bêche est machine à
trancher par l'imagina-
tive dont l'œuvre s'arrête.

Mes ordre et rang, vice-versa,
se ramènent à ça:
« Adam, lui, il creusa. »

Ne verse
alors pas en vain tes pleurs,
me voici fossoyeur.

Bien noble: juste rayons-vifs-
médaille-commémorative.
Soit en l'air en la pomme un ver,
Un souriceau peut se le faire.

Mes ordre et rang, vice-versa,
se ramènent à ça:
« Adam, lui, il creusa. »

Ne verse
alors pas en vain tes pleurs,
me voici fossoyeur.

Sang, verdure*, murmure*,
le tout, mets-le en terre,
simple fait pour tantôt mûr
sur un arbre solitaire*.

Mes ordre et rang, vice-versa,
se ramènent à ça:

« Adam, lui, il creusa. »

Va! verse
alors d'inutiles pleurs,
me voici fossoyeur. 

*Le présent air est extrait presque à la fin d'une œuvre majeure de Jean Marno intitulée
Le Premier Fossoyeur (AZ ELSŐ SÍRÁSÓ), à peu d'exceptions près, non accessible à l'état
virtuel, dont sur papier quelques copies sont en circulation même si elle parut une fois, en 1995,
dans les n°s IV et V (introuvables aujourd'hui) de la revue Frontière (Határ). Cette œuvre, qui,
conçue dès le départ comme livret d'opéra, depuis resté quasi sans propre existence littéraire,
pourrait bien passer encore pour inédite, assimilée qu'elle est à un opéra-rock (musique
de Papp Gyula) n'ayant eu, le 6 mai 1995 et dans les jours qui suivirent, au théâtre Petőfi
de Sopron, dans une mise en scène de Mikó István, en tout et pour tout que quatorze
représentations devant un public chaque fois conquis.
L'air du fossoyeur (5'02''), enregistré en studio peu avant (le 2 mai), et interprété par Margit József,
figure, parmi quatorze autres, en avant-dernière place, sur un CD produit par Nyíri Sándor,
annonçant sur la jaquette, pour le 27 mars 1997, au palais des sports de Budapest, une avant-
première qui malheureusement ne devait jamais avoir lieu.
[cf. notes aux poèmes Un chien (EGY KUTYA) et Oeil de Poupée (BÁBSZEM)].
Par ailleurs, pour ce qui est du français, alors qu'en poésie libre, les rimes sont croisées,
quelquefois redoublées, en l'occurrence, seul le dernier des quatre quatrains conserve les rimes
croisées ABAB de l'original, qui est un heureux mélange de différents mètres. Peut-être
moins heureux dans la langue de traduction sachant que deux mètres dont l'un a une syllabe
de plus ou de moins que l'autre ne peuvent y être placés à la suite sans que le plus court semble
boiter désagréablement.
C'est surtout le cas avec les vers de sept et de huit syllabes, combinaison donc ici évitée.
*rose : si, à titre indicatif seulement, « La patience est d'or » se dit littéralement en hongrois
comme suit: La patience cultive une rose (A türelem rózsát terem),la note suivante suggère
pourquoi la même activité ici est étonnamment réalisée par ...un fossoyeur (vers 1)!
*(drame): allusion à La tragédie de l'homme ( Az ember tragédiája) d'Imre Madach et où,
au douzième tableau, vv. 3286-3309, dans un phalanstère, le dernier spécimen d'une rose
éclose sur terre est présenté comme une fleur inutile à Adam par un savant condamnant
du même coup, à travers deux pièces symboliques du florilège (l'oeuvre d'Homère et
l'Agricola de Tacite), foi et poésie. La rapide interrogation du vers 1 renvoie à Madach
(onzième tableau, vv. 2680-2686), à la scène à la foire de Londres; et aux violettes
vendues bon marché par une jeune fille à une mère pour les mettre dans la main
de son enfant mort, et auxquelles sont donc ici substituées non pas des chrysanthèmes,
mais bien les fameuses roses proposées dans le même esprit donc par notre fossoyeur
entrant ainsi ex abrupto dans le vif du sujet au moment d'entonner l'air.
*vice-versa: ou (cf. visage de Janus), recto-verso; traduction libre de devant derrière (elől hátul)
afin de marquer, en terme de préséance, l'opposition entre le noble, lequel est d'ailleurs
désigné péjorativement en français par la périphrase « ci-devant » car croyant passer
devant (elől), et la roture.
Or, de même que la médaille (érem) a avers/obvers (côté face) et revers qui s'opposent,
de même c'est en lui tournant le dos (hát) que Dieu se signale à Moïse (Exode: 33/23)
à la différence des rois se montrant à leurs sujets de face (elől). Passage de la Bible cité
par le poète pour montrer un Dieu démissionnaire ou plutôt absent tournant le dos
aux aspirations des peuples et dont les propossontrapportés ailleurs dans la pièce
par un des personnages.
*jour: lumière du jour.
*restes: en vrai, c'est d'ordures (hulladék) qu'ils'agit dans l'extrait, d'où l'association de ce terme
avec le cadavre (hullaet le verbe tomber (mort), pris, comme ici, à propos des larmes,
dans son sens de couler (hullik). Bel exemple d'harmonie imitative (imitation de la chose
par le son). Le fatal tombereau, si mention y en était faite, aurait donc plutôt des airs
de camion-poubelles de la voirie, laissant du coup supposer aussi quant au fond,
vu l'identité de leur fonction, une parenté étroite entre les deux contenants
que sont la corbeille (même si n'y entrent que des papiers) et le corbillard, jadis,
en tout cas selon l'étymologiste Henri Stappers, « voiture tressée en jonc, char à panier ;
compar., en allemand, Korbwagen », (hongrois, kasos kocsi).
À moins que l'origine de ce corbillard ne soit quand même Corbeil, ville de l'Essone,
vu que le coche d'eau de Paris y était autrefois ainsi appelé (cf. Le nouveau Littré, 2006),
pauvre homme avec un nom aussi peu flatteur!?
*verdure (bokor): plus exactement 1) buisson, broussaille,
voire – et c'est l'important :
2) pied (de roses).
Ce terme générique, s'il ne les désigne qu'imparfaitement, au moins n'omet pas
ces différentes acceptions à rendre toutes ici. Impossible autrement.
*murmure (fáma): comparé avec les correspondants français fâme (réputation)
ou (bien/mal) famé(e), aussi calqués sur le latin fama (rumeur, réputation).
*arbre solitaire: arbre maudit du jardin d'Éden, n'étant pourtant pas un spécimen unique,
puisqu'il est un des deux cédés par le Seigneur à Lucifer, chez Madach, à la fin
du premier tableau dont l'action se passe au ciel (vv. 145-147). Ou unique, l'est-il
par sa longévité peut-être? Ainsi que pour avoir à craindre moins la brûlante foudre
que les foudres de l'Église? Mais comment diable ne serait-il pas sauvé lui aussi?
Si, du moins d'après la thèse des partisans de l'origénisme à savoir de l'apocatastase
(« ἀποκατάστασις : rétablissement d'une chose ou d'une personne en son état
antérieur, restauration » (A. Bailli) et donc non-éternité des peines), de même
qu'in fine le sera Satan, de même alors le sera Judas qui eut beau s'y pendre
d'où le miracle de sa réhabilitation/rédemption ayant déjà eu pour effet
que son Évangile n'est plus considéré comme un apocryphe – , de même,
et a fortiori, le sera leur victime, l'arbre, exempt de reproches, qui n'a donc guère
à se soucier d'anathème et pour cause: puisque pas le moindre délit n'est
à lui imputer. Autant de fois millénaire que l'est l'ange rebelle propriétaire,
étant ainsi fait, semble-t-il, de cette sorte de bois dont sortit Mathusalem, il est déjà
là  il faut pour l'être également d'office; sauvé, il le sera donc, du moins
si c'est la Terre Promise, cet Éden-là, si c'est bien là le vrai paradis et non un lieu
du genre « utopie » [οὐ (négation)-τόπος (lieu, endroit, pays...), soit pays
imaginaire ].

 



Uploaded byJakus Laura 1.
Source of the quotationsaját mű

Related videos


minimap