Marno János: Aujourd'hui ni vers ni rimes (Ma nem nyúl in French)

pour Narcisse, gâchage ainsi évité*.

Ses œufs, c'est du passé, en tirer en prime

N'équivaudrait qu'à alarmer la pudeur.

Jaunes, blancs, mêlés aux coquilles effritées,

ont retrouvé l'ancien état poudreux

d'un passé détenu désormais par ses œufs.

En avant. Tant pis, s'ils peuvent affliger l'âme,

le poème arrive ensuite à se faire. On peut,

plongé dedans, dormir dessus un peu

avec un corps de vieillard à bout de force.

Mais le rêve, sans se rebiffer, douteux de forme,

le hante, qui fait hors du corps un véhicle

où pour le coup Narcisse au bourg étranger file

ou, au contraire, reste juste sans bouger

vu que, c'est de règle, le trafic est bouché;

lui continuerait à pied volontiers

mais justement à bord il n'est nulle part,

pour appuyer dessus, de bouton de porte

ni, sauf lui, de voyageur à initier,

si possible, à son coup d'essai inédit; car,

alentour, au complet, le corps de logis dort,

ami et ennemi de ton côté paradent,

montrant, qui sa gorge, qui sa nuque fort moite;

Narcisse le sent mort, son cou-de-pied roide,

et de sa main brûlante tient la balustrade.

*AUJOURD'HUI NI VERS NI RIMES/ etc...: traduction fort libre du titre original et
du premier vers où sont rejetés et complément indirect et sujet réel, à savoir :

 AUJOURD'HUI IL NE TOUCHE PAS/ au poème, Narcisse,il ne ferait que legâcher.