Marno János: VIII. ANNA (VIII. Anna in French)
VIII. Anna (Hungarian)„Becsókolnék Léda szívébe Egy ékes nárcisz-ligetet” (Ady Endre: Szent június hívása)
aludni menne, és ropog a háta, mint karján a rőzse, mielőtt lobot vetve a parázson vonaglani kezd. Árnyképét hordja pár hete a szíve alatt, mint anyja a pakolást éjjel az arcán éveken át egy vizes fal mellett; mert ő legalább még adott is magára valamelyest. A magzattól persze a víz sem idegen; lubickol benne ez idő szerint, olyasmiképp, ahogy holnaptól ítéletnapig les- heti, kiül-e rajta – egy kész Nárcisz.
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VIII. ANNA (French)« Dans le cœur de Léda * est une forêt belle avec des narcisses, je l'embrasserais » (Endre Ady: Appel de saint juin)
irait dormir, et son dos craque, semblable en ses bras au fagot allant s'embraser et dans le brasier se tortiller. Son ombre, depuis des semaines, sous son coeur se porte, tel le masque facial qui de nuit fut, au fil des ans, contre un mur suintant, porté par sa mère; laquelle au moins de fait eut aussi encore un peu soin d'elle. Au fœtus, certes, l'eau n'est pas même étrangère; à pré- sent y frétille son pendant à peu près, qui peut dès demain jusqu'à perpète attendre* émergeant l'air gai* – certain Narcisse prêt*.
*Léda: nom d'une égérie contemporaine du poète André/Endre Ady (1877-1919), [et en rien celui de la mère des Dioscures, Castor et Pollux, d'Hélène etc...]. La citation donnée en exergue et extraite d'un poème évoquant Narcisse et Zeus, est un hommage rendu de sa part à cette muse considérée par lui comme étant sa pure création(senspremierdumotgrec « ποίησις »), « créer »étantdefaitlepropredu poète et non doncl'apanage d'unquelconqueDieu. Ainsi, Ady ailleurs ne se cache-t-il pas d'avoir su donner à celle-ci avec la célébrité une propre existence grâce à son recueil de vers intitulé en langue originelle « Les chants de Léda » dont une partie existe déjà en traduction, voire en adaptation françaises, sous les titres suivants: « Le cœur de Léda » et « Entre les lèvres de Léda » (adaptés par E. Zuckermandel et E. Carasso, 1926), «La statue d'or de Léda » (Alain Bosquet), «Léda dans le bateau» (Alexandre/Sándor Térey, 1926) à côté de sept autres poèmes traduits par Louis Joseph Fóti (1930). *...(qui peut) ...attendre: -ici, (qui peut) ...toujours attendre/ courir/se brosser/se fouiller/se fouler, le verbe hongrois «les» signifiant en vrai: attendre au passage; reluquer; être aux aguets/à l'affût; guetter; épier; faire sentinelle; guigner; loucher. -La périphrase équivalant à toujours, et dont en l'occurrence Jean Marno se sert, est: dès demain jusqu'à perpète/ (litt.) au [jour du] Jugement dernier, soit… jusqu'à la fin des siècles/la Saint-Glinglin. *émergeant l'air gai [cf. « kiül »: aller s'asseoir; user ses fonds de culottes; se déposer; marquer (trace); se peindre sur; se voir; saillir, dépasser (encorbellement); purger (sa peine); faire son temps (de prison)]. Mais sens réel de « kiül rajta »: en sortant [à savoir de l'eau] tout en prenant une expression ravie. De même que le fœtus, au dire de Simone de Beauvoir (Le Deuxième Sexe), se fait/ferait seul dans le ventre de la mère, sans nulle intervention de cette dernière donc, de même Narcisse seul, prenant Dieu de court, peut-être par suite de son ascension sociale réussie, de retour dans le même ventre sacré, s'y projette en mort déjà en passe de renaître, homme nouveau fort de son initiation entoutcasse tenant prêt à telle improbable éventualité. *prêt: « kész » au sens -soit de préparé, au point, paré, accompli (soldat), achevé (savant), mûr; -soit de flambé, fait, cuit, foutu, naze, claqué. Laprésentenoteexplicativea pourbutdepallier l'insuffisance delatraduction. En effet, si la suite normale du poème intitulé Narcisse se prépare (Nárcisz készül) veut que Narcisse soit prêt,certes c'est le cas, et le mot est bien traduit; mais c'est oublier le sens de flambé qu'il a aussi non par hasard juste à unendroitclédupoème: à sachute. Car c'est ou ce sera également un peu la sienne, de chute, à Narcisse. Quelque prêtqu'il soit, c'est dans les deux acceptions du terme flambé (fichu, voire brûlé) qu'ilest prêt sans esprit de retour à partir: de fait, condamné à ne jamais ressusciter, et le sachant fort bien. Flambé et prêt à rendre l'âme, Narcisse ainsi n'attendant rien d'un « jour J », se sait déjà bel et bien «irressuscitable» (néologisme puisque même « ressuscitable », mot traduisant l'idée n'existepas!)carrésurrectionourêvechimériquepourbéguines, c'est du pareil au même.
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