Le feu vêtu de deuil jaillit par tous ses pores
La poussière de sperme et de sang voile sa face tatouée de lave
Son cri retentit dans la nuit comme l’annonce de la fin des temps
Le frisson qui se hâte sur sa peau d’épines court depuis que le maïs se lisse dans le vent
Son geste de cœur brandi à bout de bras s’achève en cinquante-deux ans dans un brasier d’allégresse
Lorsqu’il parle la pluie d’orage excite les réflexes des lueurs enfouies sous la cendre des anciens rugissements que les lions de feu lancent en s’ébrouant
Il écoute et n’entend couler que le torrent de sa sueur d’or avalée par le Nord noir
Il chante comme une forêt pétrifiée avec ses oiseaux sacrifiés en plein vol dont l’écho épuisé traîne le ramage qui va mourir
Il respire et dort comme une mine cachant sous des douleurs inouïes ses joyaux de catastrophe
Quand l’aile chatoyante de l’aube se perdait dans les gouffres du crépuscule habité de gestes mous
quand les larmes du sol éclataient en gerbes infernales d’années sans nuits
les cierges s’allumaient de toutes leurs griffes à futur sang fidèle
pour que plonge dans un sommeil vidé de rêves d’ancêtres exigeants
le maître de la vie qui jette des injures aux gueules bavant la flamme qui l’anime
pour que l’homme trouve là-haut la route des grands miroirs d’eau bruissants de lances de lune
et là-bas des ciels de lit qui chantent un air de jeune fille revenant de la fontaine mouchetée de vols paresseux et flasques où deux yeux luisent comme la paroi suintante d’une caverne qui attend la vie
Nul n’aurait pu dire où commençait la mer puisque les fleuves rentraient dans l’œuf que Tlaloc rosée qui ne s’était pas fait reconnaître ne cachait pas encore dans sa gueule de tigre
Cependant dans la nuit vagissante le regard du nouvel an vient de s’allumer à celui de l’aigle qui pique vers le sol
Nouvel an à facettes de cristal où le profane ne découvre qu’une trombe de poussière aspirant des échos calcinés par un dieu toujours vainqueur
et des paroles noyées dont le corps momifié flotte flotte et s’envole d’un coup d’aile dans un rai de lumière qui s’éteignant les rejettera sur la terre pour qu’elles donnent des fruits d’obsidienne
Les hommes jaillissaient de l’ombre comprimée à l’ouest du rayon vert une graine à la main comme un fantôme aux yeux
Il est temps disaient-ils que la terre secoue sa chevelure vivante selon le rythme des airs du jour en pyjama
que nous descendions cajoler la grenouille retrouvée après tant de soleils d’oubli châtiés par les quatre éléments
que l’or et l’argent du ciel la parent d’un collier de plumes à étancher les soifs rebelles comme les paupières entr’ouvertes d’un ruisseau racontant les rêves de sa source
que de la chrysalide du limon s’échappe le papillon qui contient et emporte notre cri automnal à reflets de lendemains déguisés en monstres
que la poussière de la voie lactée n’ait plus à tomber d’aussi haut puisque les mille doigts de notre mère la recueillent au passage
que la griffe de mortification répande son lait aigre de bête dissimulée sous des pierres d’avalanche dont sa vie de fantôme exalté fécondera la nôtre quatre à quatre
que la montagne à chevelure d’astre vengeur reconnaisse l’enfant que nous édifierons au bord du lac où nous a chassé la grande marée de son ennemi tantôt vainqueur tantôt vaincu
que le jour soit comme le visage du voisin et réponde à l’appel de son nom découvert par les savants de la gomme
que la pierre brille d’un éclat d’eau dont les lourdes paupières se ferment à cause du regard insoutenable d’un ciel que n’ose violer aucun oiseau
qu’elle fredonne l’air miraculeux des quatre points cardinaux qui nous protégeront contre l’égarement du chien poursuivant éternellement sa queue
qu’elle supplie les géants tapis sous la terre les eaux le feu et nos gestes qui les créent comme un plat succulent
qu’elle menace en leur nom les fourbes tyrans des déserts et de l’ombre qui étrangle avec le délire de ses vols noirs