Tanuld meg ezt a versemet (Magyar)
Tanuld meg ezt a versemet mert meddig lesz e könyv veled? Ha a tiéd, kölcsönveszik, Hegyeshalomnál elszedik, A közkönyvtárban elvesztik, s ha nem: papírja oly vacak, hogy sárgul, törik elszakad, kiszárad, foszlik, megdagad vagy önmagától lángra kap, kétszáznegyven fok már elég- és mit gondolsz, milyen meleg egy nagyváros, mikor leég? Tanuld meg ezt a versemet.
Tanuld meg ezt a versemet, mert nemsokára könyv sem lesz, költő se lesz és rím se lesz, és autódhoz benzin se lesz, és rum se, hogy leidd magad, mivel a boltos ki se nyit, s kivághatod a pénzedet, mert közeleg a pillanat, mikor képernyőd kép helyett halálsugarat közvetít, s mert nem lesz, aki megsegít, ráébredsz, hogy csak az maradt tiéd, mit homlokod megett viselsz. Ott adj nekem helyet. Tanuld meg ezt a versemet.
Tanuld meg ezt a versemet, s mondd el, mikor kiöntenek a lúgtól poshadt tengerek, s az ipar hányadéka már beborít minden talpalat földet ,akár a csiganyál, ha megölték a tavakat, s mankóval jön a pusztulás, ha fáján rohad a levél, a forrás dögvészt gurguláz s ciánt hoz rád az esti szél: ha a gázmaszkot felteszed, elmondhatod e versemet.
Tanuld meg ezt a versemet, hogy elkísérjelek. Lehet, s túléled még az ezredet, s pár kurta évre kiderül, mert a bacilusok dühödt revánsa mégse sikerül, s a technológia mohó hadosztályai több erőt mozgatnak, mint a földgolyó- memóriából szedd elő s dúdold el még egyszer velem e sorokat: mert hova lett a szépség és a szerelem? Tanuld meg ezt a versemet.
Tanuld meg ezt a versemet, hadd kísérlek, ha nem leszek, mikor nyűgödre van a ház, hol laksz, mert nincs se víz, se gáz, s elindulsz ,hogy odút keress, rügyet, magot, barkát ehess, vizet találj, bunkót szerezz, s ha nincs szabad föld, elvegyed , az embert leöld s megegyed- hadd bandukoljak ott veled, romok alatt, romok felett, és súgjam néked: tetszhalott, hová mégy? Lelked elhagyott, mihelyest a várost elhagyod. Tanuld meg ezt a versemet.
Az is lehet , hogy odafenn már nincs világ, s te odalenn a bunker mélyén kérdezed: hány nap még ,míg a mérgezett levegő az ólomlapon meg a betonon áthatol? s mire való volt és mit ért az ember, ha ily véget ért? Hogyan küldjek néked vigaszt, ha nincs vigasz, amely igaz? Valljam meg, hogy mindig reád gondoltam sok-sok éven át, napfényen át és éjen át, s bár rég meghaltam, most is rád néz két szomorú, vén szemem? Mi mást izenhetek neked? Felejtsd el ezt a versemet! Feltöltő | Tóth Ágnes |
Kiadó | Magyar Világ |
Az idézet forrása | Versek |
Megjelenés ideje | 2001 |
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Par cœur apprends-le, ce mien chant (Francia)
Par cœur apprends-le, ce mien chant, car des livres, jusqu'à quand t'en auras? Qu'un soit tien? Mendié, confisqué à Hegyeshalom*, la bibliothèque le paume*, sinon: c'est du mauvais papier qui jaunit, craquelle, se rompt, devient sec, s'enfle, se corrompt ou qui, rien qu'à deux cent quarante degrés, de soi est ignescent* – dis? À quelle chaleur un centre urbain se change-t-il en cendres? Par cœur apprends-le, ce mien chant.
Par cœur apprends-le, ce mien chant, car sous peu ne seront présents ni bouquin ni rime ni chantre. Pour ton auto, panne d'essence. Le rhum, faudra se soûler sans, faute qu*'il ouvre, le marchand, fini* les dépenses d'argent, car, d'ici peu, sur ton écran, plus d'images, au lieu desquelles* d'autres émissions* mortelles. Et, sans personne qui te sauve, vois-tu, rien ne te reste sauf ce truc sous ton front se cachant. Oh, fais qu'à moi place s'y offre! Par cœur apprends-le, ce mien chant.
Par cœur apprends-le, ce mien chant, et dis-le, quand les océans trop pleins, l'alcali les pourrit, et lorsque vomit l'industrie recouvrant chaque pan de sol de sa bave de caracole*, au moment du meurtre des lacs, de la ruine béquillarde* , quand la feuille moisit à l'arbre, si la peste glougloute aux sources, qu'un vent au cyanure souffle: le masque à gaz te protégeant, vas-y, entonne-le, ce chant.
Par cœur apprends-le, ce mien chant, ainsi, tous deux, nous voyageons, toi survivant sans doute au siècle, chose, en un court laps de temps, claire, vu la revanche des colères* bacilles quasi avortée et vu qu'elle est même plus forte pour mettre en branle que le globe, l'avide armée des techniques. Avec moi, encore une fois, ces mots, remémore-les-toi pour les dire en chœur: car dissous, beauté et amour, le sont où? Par cœur apprends-le, ce mien chant.
Par cœur apprends-le, ce mien chant; ah! te hanter, moi, non vivant, quand la maison que tu habites te causera de la souffrance*, eau, gaz y manquant, tu la quittes pour un trou où, en plus des branches, grain, chaton*et rameau se mangent; en quête d'eau, massue en main, là, s'il n'est nul sol à rafler, tue l'humain pour l'avaler – qu'à deux l'on y flâne, en chemin, dessus et dessous les épaves, moi te soufflant: où vont tes pas? Tu n'as plus d'âme, ô mort vivant, depuis ton départ de la ville. Par cœur apprends-le, ce mien chant.
Possible aussi qu'en haut nul monde, bernique! et qu'en bas, toi, du fond du bunker, ceci, tu le sondes: combien de jours encore avant que béton et plaque de plomb, devant l'air empoisonné, cèdent? Pourquoi, ça? Est-ce de l'humain mérité, une telle fin? Nulle consolation n'aide n'étant vraie, que t'enverrais-je? Tu fus dans mon penser, toi – vais-je l'avouer? – mainte année, jour et nuit; depuis, moi, quoique vieux mort, de même, sur toi, toujours tristement sont fixés mes yeux. Quel autre message te puis-je envoyer? Oublie ce chant!
*GYÖRGY FALUDY (1910- 2006) : Il vécut donc les deux guerres mondiales, ayant été, lors de la seconde, trois ans durant, dans l'armée des USA. Somme toute, ce poète polyglotte globe-trotter, malgré lui un peu apatride, notamment objecteur de croissance et de conscience ainsi que brillant traducteur en hongrois des Ballades de François Villon, aura passé une part de sa vie fort bien remplie tour à tour en Autriche, en Allemagne, en France, au Maroc, aux États-Unis d'Amérique, en Hongrie, en Angleterre, en Italie, à Malte, enfin surtout au Canada si bien qu'ayant promené sa bosse un peu partout, il jouit d'une renommée fort étendue. Par ailleurs, ce poème qui, à certaines époques sombres de l'Histoire, comme la nôtre, nous touche plus, est audible sur le net y ayant été souvent mis en musique, deux fois déjà rien que par Földes Laszlo (HOBO). *(1) Par cœur apprends-le: mieux que le simple « apprends-le » car de même, pour une meilleure compréhension de ce poème, dans sa première traduction anglaise faite par György Faludy et Katalin N. Ullrich, en 1980, à Toronto, il avait déjà été procédé à l'ajout judicieux de « by heart » à « learn », « apprends-le par cœur » donc, rendant d'ailleurs plus pertinents les vers 26 et 27 ainsi que le 88ème (sa chute). *(4) Hegyeshalom: ville de Hongrie située, à l'est de l'Autriche et, au sud de la Slovaquie, quasi à leur frontière où, du vivant du poète, il a dû être procédé à la confiscation de samizdats. *(5) paumer (fam.): égarer, perdre. *(10) ignescent: qui s'enflamme, qui est en feu. Forme adjective/ adjectivale présentant, propre au verbe inchoatif, le suffixe « -esc- » marquant soit un passage d'un état à un autre, soit, comme ici, un début d'action. *(19) faute que: solécisme (faute contre la syntaxe) selon les puristes? Ou non, malgré sa construction (avec conjonction subjonctive) non retenue par les grammaires et dont une (la seule?) occurrence connue (est-ce un hapax, ἅπαξ, une fois?) se rencontre dans les Mémoires ( L'Appel, p. 11) du général de Gaulle, citée par Maurice Grevisse, dans Le bon Usage, 9e éd., 1969, p.1086, § 123 c): « Faute que personne ne proposât rien qui répondît à la situation, je me sentis tenu d'en appeler à l'opinion ». *(20) fini(es): lequel participe passé, en tête de phrase, comme c'est le cas ici, pouvant être invariable car, dit M. Grevisse (op. cit. p. 729, § 783, 5.), alors il se rapporte au « pronom neutre ce (ou cela) sous-jacent ». *(22-23) – au lieu desquelles/ d'autres émissions mortelles: me reprochera-t-on ce cas d'ellipse du verbe possible dans la langue parlée surtout après dont, d'où, parmi lesquels? – émission: mot à prendre dans deux de ses acceptions: programme (transmission par les ondes) et, par métonymie, rayon ( ce qui est transmis par les ondes). *(34) caracol(e): limaçon, coquillage en tire-bouchon, escalier en colimaçon. (Wallon: caracol, escargot). *(36) – ruine: du point de vue de la scansion, diérèse à faire comme de normal. – béquillard(e): qui s'aide de béquilles pour marcher. *(46) colères (adjectif): synonymes: colériques, coléreux. *(58-59) quand la maison que tu habites te causera de la souffrance: soit deux vers en traduction pour un seul dans l'original. suite à une regrettable erreur de calcul de ma part. *(62) chaton: ici, non « petit chat » mais bien: fleur du noyer, du coudrier, du saule, du mûrier. *(87) Quel autre message te puis-je/ envoyer... ?: si, dans l'ancienne langue, le pronom personnel objet de l'infinitif était très souvent placé devant le verbe principal, il faut savoir que ce tour n'a toutefois pas été abandonné dans la langue littéraire moderne, notamment avec pouvoir, vouloir aller, devoir etc... Pour maint(s) exemple(s), cf. M. Grevisse, op. cit., §483, Hist. p. 432. Ceci dit, n'était, par trois fois, la disgracieuse répétition du tonique « toi », la solution suivante eût pu couler de source: À toi, quel message autre puis-je/ envoyer... ?
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